Quand voir un thérapeute ?

Quand aller voir un thérapeute

Quand aller voir un thérapeute ?

Quand voir un thérapeute ?

Quand aller voir un thérapeute ?

Voilà longtemps que j’entends des personnes me dire “Je viendrai vous voir quand çà ira mieux”, ou encore “Je vais aller voir un thérapeute une fois que j’irai mieux”.
C’est d’une logique implacable puisque les thérapeutes sont justement là pour aider les gens à aller mieux. Donc, autant attendre d’aller bien pour aller les voir.
D’un autre côté, ce serait reposant pour nous les thérapeutes. Imaginez un peu le dialogue : 
“- Comment allez-vous ?
– Je suis en parfaite santé physique, mentale et émotionnelle, je vous remercie.
– C’est parfait. Surtout n’oubliez pas de revenir quand vous n’aurez pas besoin de mes services.”

C’est parfaitement absurde non ?

Il était temps d’écrire un article car il y a plusieurs thèmes à commenter dans cette première phrase. On pourrait presque écrire tout un livre.
En tout cas, j’écris cet article parce que les gens qui me disent çà ne reviennent pas. Parce qu’ils n’iront jamais mieux !
Lisez donc cet article pour comprendre pourquoi il ne peuvent pas aller mieux, et donc pas aller voir un thérapeute avant qu’il ne soit très/trop tard.

Comment pensez-vous aller mieux ?

Résumons un peu la situation ensembles :

A priori vous n’allez pas très bien et vous en avez conscience. Vous avez laissé s’installer un mal-être pour diverse raisons et il est relativement important. Suffisamment en tout cas pour vous préoccuper.
Quelles que soient les raisons de ce mal-être, de cette “mal-a-dit” ? Pour faire savant, on dira pathologie, du grec pathos (souffrance, affect, douleurs) et logos (le langage). Il n’est pas venu s’installer tout seul comme un insecte qui s’installe dans votre jardin. Il faut prendre ses responsabilités car si vous êtes dans le mal-être c’est que vous l’avez autorisé à s’installer.
C’est vous qui lui avez donné le pouvoir de prendre sa place.

C’est vous qui avez mis en place les conditions pour que ce mal-être prenne toute la place que vous lui accordez.
Donc, si vous continuez à vivre comme vous avez toujours vécu, faire les mêmes choses que vous avez toujours faites, avoir les mêmes pensées que vous avez toujours eues, comment voulez-vous que les choses changent ? Comment croyez-vous que votre univers va tout d’un coup s’améliorer ? Par l’action d’une bonne fée, peut-être ?
Si les nuages se dissipent c’est toujours parce qu’un facteur externe, en général le vent, les repousse et vous permet de voir le soleil à nouveau. Sans intervention externe, vous aurez toujours une pluie continuelle au dessus de votre tête.

La question est donc : si vous ne faîtes rien, comment pouvez-vous espérer que votre situation s’améliorera ?

Peut-être qu’aller voir un thérapeute vous donnera le petit coup de pouce énergétique qui vous permettra d’aller mieux ?

Le sauveur externe

La littérature classique regorge de romans où un sauveur externe à la situation vient délivrer les pauvres gens hébétés par le malheur qui les frappe si durement.

Ainsi, il y a les aventures de Robin des Bois, de Zorro, des super héros, et d’autres personnages de cape et d’épée de toutes les époques. Totalement désintéressés, portant un masque pour garder leur anonymat, ils se précipitent pour sauver l’humanité toute entière.

Mais réveillez-vous : c’est de la pure fiction ! Ces personnages n’ont jamais existé et n’existeront jamais. Il n’y a pas de sauveur.
PARCE CE QU’IL N’Y A PAS DE SAUVEUR !

Le triangle de Karpman

En fait, la vérité se situe plus dans la pièce de Samuel Beckett ‘En attendant Godot’.
Dans cette pièce il y a ceux qui attendent un homme nommé Godot. Il y a aussi le persécuteur qui tient une corde, et la victime qui a l’autre bout de la corde autour du cou. C’est un schéma classique persécuteur-victime-sauveur, appelé aussi le triangle dramatique ou encore le triangle de Karpman, du nom de son découvreur.
La pièce se termine et on constate que le sauveur n’est pas venu, qu’il ne viendra pas, et qu’il ne viendra jamais.
Pourquoi ?
Parce qu’en fait le sauveur (Godot) était déjà là. Il était sous nos yeux depuis le début et nous ne l’avons pas vu.

Notre sauveur est en chacun de nous, et il nous suffit de reprendre notre pouvoir pour nous sauver nous-même de nous-mêmes.
Sinon, personne ne le fera à notre place.
Même dans les religions, il n’y a pas de sauveur. On a coutume d’appeler Jésus “Le sauveur”, mais c’est une parabole car, et c’est déjà beaucoup, il est un éveilleur et un guérisseur. Il sauve les gens de leur torpeur.

La question est : Alors, où vous situez-vous dans la pièce de Beckett ? Vous attendez ? Qui ?

Je ne peux que vous conseiller d’aller voir quelqu’un, comme un thérapeute, ou qui vous voulez d’autre, qui vous permettra de vous émanciper de votre situation actuelle en vous permettant de redevenir votre propre sauveur.
De toute façon la logique est simple : si vous abandonnez un pan de vous-même (ex. votre santé), quelqu’un viendra prendre ce rôle à votre place.

La voiture en panne

Faisons l’analogie de notre corps physique avec une voiture. Après tout, aller voir un garagiste ou un thérapeute c’est un peu la même chose. Ils s’occupent tous les deux des tuyaux et machins qui fourmillent sous le capot.

Si vous avez un véhicule, vous avez conscience qu’il ne suffit pas de passer une vitesse et de rouler autant que vous voulez.
En fait ce n’est pas si simple et vous savez qu’il faut l’entretenir pour pouvoir vous en servir. Le geste minimum étant de mettre de l’essence.

Tous les signaux sont au rouge mais je fonce

Supposons que vous vouliez absolument rouler, et tant pis pour tous les signaux annonciateurs de problèmes.
Alors la situation est la suivante :
– la jauge a essence tombe vers le bas et le voyant orange ne va pas tarder à s’allumer.
– le voyant rouge au tableau de bord indiquant un problème moteur est allumé depuis déjà quelques jours.
– il y a un vilain bruit de plus en plus fort dans le compartiment moteur.
Mais vous continuez à rouler comme si tout cela ne vous concernait pas.
Après tout, vous prendrez rendez-vous chez le garagiste “quand çà ira mieux”, et on verra bien.

Tout ce à quoi je résiste persiste

Sauf que d’ici là, la voiture qui en a marre d’être délaissée va tomber en panne. De préférence en pleine nuit d’hiver pluvieuse, de préférence dans une zone blanche de réseau cellulaire, de préférence en pleine campagne, et de préférence en week-end férié. La totale ! Il ne manquerait plus que les loups !
Et le petit problème simple à résoudre s’est transformé au fil des kilomètres en grosse panne bien onéreuse et bien pénible.

Effectivement, vous n’aurez aucun dommage physique mais c’est bien vous qui allez vous retrouver dans le froid au milieu de nulle part en pleine nuit.

La vraie question ici est : pourquoi est-ce que je n’ai pas pris soin de moi quand il était encore temps ? Avant de tomber en panne ?

Une addiction comme une autre

Mais alors pourquoi décidons-nous de rester dans le mal-être en dehors de toute logique plutôt que d’aller voir un thérapeute ?

Plongée en notre corps

Parce que nous développons une véritable addiction physique au mal-être, à la maladie.
Je vais laisser de côté le fait que la maladie permet aux personnes qui se sentent délaissées de retrouver un statut plus valorisant dans leur environnement. Pour faire simple : elle est malade, alors il faut que l’on s’en occupe et elle passe du statut d’oubliée à celui de personne pour qui on a de l’attention. Ce pourrait être l’objet d’une autre publication.

Nous ne sommes que l’assemblage de milliards de cellules. Comment se comportent les cellules ?
Ce sont de merveilleuses petites usines qui fabriquent des substances diverses (des protéines) dans le but d’équilibrer le fonctionnement de l’ensemble de la communauté de cellules, autrement dit le corps.

Si une cellule reçoit un signal de déséquilibre, alors elle va s’empresser de construire la protéine équilibrante. Cette substance sera envoyée dans le sang puis distribuée dans toutes les autres cellules qui en ont besoin pour annuler le déséquilibre.
La cellule est une usine. Elle reçoit l’ordre de fabrication dans un guichet, elle fabrique selon ses plans, et elle livre.
Par exemple si la cellule reçoit le signal qu’il y a trop de sucre dans le corps, alors elle va fabriquer de l’insuline.

Sous l’angle de l’industrialisation

Supposons que notre corps envoie de nombreux signaux de mal-être. C’est à dire les signaux de panne imminente dans l’exemple de la voiture, ou des ordres de mise en production pour une usine. Donc la cellule va se mettre automatiquement à produire des protéines.
Si elle n’arrive pas à produire suffisamment, elle va réorganiser sa production.
Par exemple, elle va créer de nouveaux guichets – des récepteurs chimiques – pour recevoir simultanément plus d’ordres de fabrication.
Ainsi sa membrane va se couvrir de récepteurs spécialisés dans la réception de signaux de mal-être.
La cellule va se spécialiser dans le traitement en urgence massif du mal-être. Elle a optimisé sa production de substances correctives et elle fait tourner sa ligne de production à la cadence maximale.
Mais la réciproque est vraie : si les cellules produisent massivement de l’insuline, alors elles vont inciter le reste du corps (via le système nerveux vers le subconscient) à avaler du sucre. Il lui faut de plus en plus de mal-être, afin qu’elle puisse produire.

Le corps nous dicte notre comportement

La cellule est devenue addict au mal-être.
En conséquence votre corps tout entier est devenu addict au mal-être, et donc vous êtes addict au mal-être.
N’oublions pas que nous sommes majoritairement téléguidés par notre subconscient, qui lui-même est dirigé par les sollicitations nerveuses en provenance du corps.

C’est pour cela que vous ne pourrez que difficilement aller voir un médecin, un thérapeute, etc. jusqu’à ce que votre corps s’arrête de fonctionner normalement et vous stoppe enfin grâce à la maladie.

La maladie n’est que la mise en sécurité désespérée du corps dont vous n’avez jamais voulu écouter les signaux, et que vous n’avez jamais voulu faire réviser avant de tomber malade.

Comment faire ?

Mais vous le savez, et c’est très simple : faites-vous aider.

I – N’attendez pas que les choses s’arrangent comme par magie sans rien changer vous-même.
Le Père Noël n’existe pas, et vous le savez bien.

II – N’attendez pas que quelqu’un fasse pour vous ce que vous devez faire personnellement.
Prenez-vous en main car il n’y a pas de sauveur.

III – N’attendez pas de faire un troisième burn-out avant de vous dire que vous devez faire quelque chose pour vous.
Prenez soin de votre véhicule et il vous le rendra bien. Les Romains disaient Mens sana in corpore sano : un esprit sain dans un corps sain car l’un ne va pas sans l’autre.

IV – Ne vous complaisez pas dans votre mal-être, et faites vous violence pour vous sortir de cette situation avant que les problèmes ne s’aggravent.
Ne laissez pas vos cellules addicts à la douleur prendre le dessus sur vous.

V – Cassez consciemment vos habitudes pour aller voir un thérapeute.
Pour gagner en santé, li faut accepter de perdre un peu en temps pour que ce ne soit pas plus grave plus tard.

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